Un homme brandit un drapeau tchèque au-dessus d'une foule de manifestants lors d'un rassemblement contre le Premier ministre tchèque Andrej Babis, à la veille de l'anniversaire de la Révolution de velours, à Prague, le 16 novembre 2019 ( AFP / Michal Cizek )
Tchèques et Slovaques protestent contre leurs dirigeants lundi à l'occasion des commémorations de la Révolution de Velours, les accusant de trahir l'héritage de la transition vers la démocratie.
Le 17 novembre 1989, les communistes tchécoslovaques avaient réprimé une marche pacifique dans le centre de Prague, déclenchant une riposte qui a renversé le régime affidé à Moscou, après quatre décennies de dictature.
Cette révolution a restauré la démocratie en Tchécoslovaquie, qui s'est ensuite scindée en République tchèque et en Slovaquie quatre ans plus tard.
Puis les deux pays ont intégré l'Union européenne (UE) en intégrant les acquis communautaires.
Une partie de la population s'oppose au pouvoir actuel du milliardaire tchèque Andrej Babis et du prorusse slovaque Robert Fico.
Elle les accuse de piétiner les valeurs de la transition.
"Voulons-nous vraiment vivre dans un État où les politiciens sont au-dessus des lois?", demande l'organisateur du rassemblement dans la capitale tchèque, Mikulas Minar.
- "Pacte mafieux" -
En 2019, son mouvement avait réuni 250.000 personnes contre M. Babis lors de son premier mandat, dans un pays qui compte 10,9 millions d'habitants.
Andrej Babis, le leader du parti ANO, répond aux journalistes lors d'une conférence de presse au siège du parti, à Prague, le 4 octobre 2025 ( AFP / Michal Cizek )
Mais Andrej Babis a remporté les élections une seconde fois en octobre et forme actuellement son gouvernement pour diriger le pays à nouveau.
Cet admirateur du président américain, âgé de 71 ans, est allié au parti d'extrême droite SPD.
Il a offert à son responsable, Tomio Okamura, poursuivi pour incitation à la haine, la présidence du parlement.
Anciennement communiste, M. Babis est accusé de fraude aux subventions européennes. Mais il nie tout acte répréhensible, dénonçant une campagne de diffamation.
Selon Mikulas Minar, ce nouveau gouvernement émerge donc sur un possible "pacte mafieux", deux inculpés étant à présent en position de s'offrir mutuellement l'immunité contre la justice.
- "Caste" -
En Slovaquie, des manifestations contre Robert Fico se tiennent dans plusieurs localités, dont la capitale, Bratislava.
Le Premier ministre "prend des mesures contraires à la démocratie qui nous ramènent avant 1989", estime un autre organisateur, Marian Kulich.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico à Oujgorod, en Ukraine, le 5 septembre 2025 ( AFP / Tetiana DZHAFAROVA )
M. Fico, 61 ans, anciennement communiste lui aussi, exerce son quatrième mandat également grâce au soutien d'un parti d'extrême droite, le SNS.
"Nos dirigeants appartiennent à la même caste de gens mal formés, qui s'échangent les postes", déplore le retraité Slavomir Chorvat. Il avait "longtemps pensé en vain que ça changerait".
Sur le modèle de la Hongrie voisine, le nationaliste Robert Fico combat les ONG, remplace les élites culturelles et sape l'indépendance des médias.
Il a aussi fait renouer la Slovaquie avec la Russie, malgré l'invasion russe de l'Ukraine, pays qu'il refuse de soutenir.

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